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Les vaccins et les confinements sont-ils efficaces ?

Bulletin d’information scientifique de l’IHU Méditerranée Infection du 10 août 2021 [1], vidéo de 21 mn 9 s, avec le Pr Philippe Parola, chef de service des maladies infectieuses et le Pr Bernard La Scola, responsable du laboratoire NSB3.

Ce bulletin apporte des informations générales extrêmement importantes de la part de deux universitaires. Dans la première partie de la présentation, le Pr Philippe Parola répond de manière très directe aux questions litigieuses que tout un chacun se pose, mais auxquelles la presse conventionnelle et surtout le monde politique donnent des réponses biaisées complètement contraires aux données scientifiques. Dans la deuxième partie, le Pr Bernard La Scola présente des données chiffrées produites à l’IHU Méditerranée Infection, notamment, à partir de l’instant 10 mn 15 s, des résultats portant sur la vaccination et la non-vaccination, et sur la contagion.

Le Pr Philippe Parola avance les points suivants :

  1. A la question de savoir si les vaccins sont efficaces pour protéger contre les formes graves de la Covid-19, le Pr Philippe Parola répond en faisant la distinction entre les formes modérées de la Covid-19 et les formes graves ; pour les formes modérées du variant Delta, il fait observer que les chiffres qui viennent de la littérature publiée et non publiée, aux États-Unis notamment, montrent des résultats d’efficacité très hétérogènes des vaccins : entre 40 % et 90 %. En ce qui concerne les formes graves, il indique que les données aujourd’hui ne permettent pas de conclure. Ceci est différent du discours conventionnel affirmatif des médias selon lequel les vaccins protègent absolument des formes graves de la Covid-19. Par ailleurs, le Pr Philippe Parola ajoute qu’il est nécessaire de suivre et de prendre en compte la situation en Israël, pays dont une très large partie de la population est vaccinée et qui sert donc de laboratoire phare pour le monde entier. Mais il ne mentionne pas les chiffres publiés par le ministère de la santé israélien. Et pour cause ! Les chiffres auraient été peut-être trop parlants et contraires à la narration officielle : le 5 août, le docteur Kobi Haviv, directeur du Herzog Hospital de Jérusalem, a déclaré sur une chaîne de télévision israélienne que 95 % des patients hospitalisés pour une forme sévère de Covid-19 sont vaccinés. Par ailleurs, il a indiqué que « 85 à 90 % des hospitalisations concernent des personnes entièrement vaccinées » [2].
  2. A la question de savoir si les confinements sont efficaces pour limiter la propagation du virus, il répond catégoriquement qu’il ne possède pas de données scientifiques pour étayer l’affirmation de leur efficacité, et se hasarde tout de même à mentionner une étude réalisée par le réputé Pr John Ioannadis de l’université de Stanford qui va dans le même sens. Il aurait été propice ici qu’il donne le titre de l’article publié qui est consacré à cette étude. Il s’agit de l’article : Bendavid E., Oh C., Bhattacharya J., Ioannidis J. P. A. Assessing mandatory stay-at-home and business closure effects on the spread of COVID-19 publié dans European Journal of Clinical Investigation en avril 2021 [3]. Cette étude sur l’efficacité des confinements a été réalisée sur des régions de 10 pays (Angleterre, France, Allemagne, Iran, Italie, Pays-Bas, Espagne, Corée du Sud, Suède et États-Unis), en suivant la méthodologie suivante : le modèle des premières différences avec des effets fixes a été utilisé pour isoler les effets des interventions non pharmacologiques les plus restrictives (mrNPIs, most restrictive Non Pharmacological Interventions, c’est-à-dire des mesures de type confinement) en soustrayant les effets combinés des interventions non pharmacologiques moins restrictives (lrNPIs, less restrictive Non Pharmacological Interventions) et de la dynamique épidémique de tous les NPIs. La croissance des cas de contamination en Suède et en Corée du Sud, deux pays qui n’ont pas mis en œuvre l’obligation de rester à la maison et de fermer les commerces est utilisée comme base de comparaison pour les 8 autres pays (soit 16 comparaisons au total.) Et la conclusion était qu’il n’y avait aucune différence significative sur le nombre de cas de contamination entre un pays comme la France ayant mis en place des mesures strictes de confinement et des pays sans confinements comme la Suède ou le Japon. Plus précisément, selon les auteurs de l’étude :

Nous ne trouvons aucun effet bénéfique clair et significatif des mrNPIs sur la croissance des cas dans aucun pays. En France, par exemple, l’effet des mrNPIs était de +7 % (intervalle de confiance de 95 % : -5 %-19 %) par rapport à la Suède et de +13 % (-12 %-38 %) par rapport à la Corée du Sud (un signe positif signifie un avantage dans le sens de la contagion.) Les intervalles de confiance à 95 % excluaient les déclins de 30 % dans les 16 comparaisons et des déclins de 15 % dans 11 comparaisons sur les 16.

Bendavid E., Oh C., Bhattacharya J., Ioannidis J. P. A. Assessing mandatory stay-at-home and business closure effects on the spread of COVID-19. European Journal of Clinical Investigation. Avril 2021 ; 51(4):e13484 [3].

L’on ne pourra manquer de constater qu’à plusieurs reprises le Pr Philippe Parola répète, de manière insistante, qu’il intervient en tant qu’universitaire et se contente de présenter les faits et données scientifiques, mais qu’il n’est en rien habilité à dicter les mesures sanitaires qui relèvent du politique. Cette insistance serait-elle un mot de code pour transmetre un message au public et aux politiques ? Depuis plus d’un an et demi, nous avions compris – hélas ! – que les véritables scientifiques compétents et honnêtes ne sont pas écoutés et que les différentes mesures « sanitaires » absurdes prises par le gouvernement ne sont pas fondées sur la science, mais sont uniquement politiques. Il serait temps de remettre le bon sens, la rationalité et la science dans l’équation plutôt que de promouvoir une pseudoscience à des fins inavouables.

La stratégie vaccinale, c’est une question politique. Nous ne faisons pas de politique, nous pouvons produire des données. Nous ne commentons pas les décisions de santé publique, nous les appliquons.

Pr Philippe Parola

Notes

  1. https://m.youtube.com/watch?v=sCqqbP6Oe_Q.
  2. En Israël, « 85 à 90 % des hospitalisations concernent des vaccinés » 2 doses. https://vigilance-pandemie.info/2021/08/09/israel-vaccines-hospitalises/.
  3. Il s’agit de l’article : Bendavid E., Oh C., Bhattacharya J., Ioannidis J. P. A. Assessing mandatory stay-at-home and business closure effects on the spread of COVID-19. European Journal of Clinical Investigation. Avril 2021 ; 51(4):e13484. doi: 10.1111/eci.13484. Epub 1er février 2021. PMID : 33400268 ; PMCID : PMC7883103. https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/eci.13484.

A propos des intervenants

Pr Philippe Parola

Le Pr Philippe Parola est médecin interniste et infectiologue et le chef du service des maladies infectieuses de Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection, Marseille, France. Son domaine de spécialisation est la pathologie infectieuse et tropicale, clinique et biologique. Didier Raoult le présente comme celui qui «prend en charge une grande partie des malades». Le Pr Philippe Parola est également le chef de l’Unité des Maladies Infectieuses Aiguës au Département des Maladies Infectieuses de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille (AP-HM.) Son CV en version brève et en anglais peut être téléchargé ici.

Pr Bernard La Scola

Le Pr Bernard La Scola est virologue, il a «isolé plus de 600 virus» dans le cadre de l’épidémie, selon le Pr Didier Raoult. Bernard La Scola a mené les tests de sensibilité aux antiviraux qui ont conduit l’équipe de l’IHU à privilégier l’association de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine dans le traitement des malades atteints de Covid-19. Il est le chef de l’Équipe 4 UMR D-258, Microbes, Évolution, Phylogénie et Infection (MEPHI) d’Aix-Marseille Université (AMU), Institut de Recherche pour le Développement (IRD). Ses domaines de compétences et d’activités sont :

  • Responsable du laboratoire de sécurité P3/NSB3.
  • Responsable de l’UF crise en maladies infectieuses.
  • Diagnostic des maladies hautement contagieuses
  • Spécialiste de la microbiologie de l’entérocolite nécrosante du nouveau-né.

Fournir une information scientifique objective et éclairée sur la crise sanitaire actuelle, sensibiliser aux enjeux sociétaux et politiques majeurs qui se profilent à l’horizon, alerter le public, rassembler les bonnes volontés et préparer l’avenir.