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Les anciens dieux sont-ils revenus ? – Par Naomi Wolf

(Vigilance Pandémie) : De toutes les analyses sur la crise sanitaire Covid-19 qui ont pu être proposées depuis trois ans et demi, celle de Naomi Wolf que nous présentons ci-dessous au public français est de loin celle qui capture le mieux la clé essentielle de cette crise, savoir sa dimension et sa signification proprement métaphysiques et spirituelles. L’arrière-plan biographique de Naomi Wolf la rendait hautement improbable à une telle tâche que l’on pourrait qualifier de prophétique, celle d’interpréter correctement les événements du point de vue de Dieu et dans une perspective ultime et non seulement suivant les divers angles de la connaissance et de l’expérience humaines en restant dans le domaine des réalités physiques, et d’en tirer les conséquences qui s’imposent. Jugeons-en plutôt nous-mêmes : elle était une démocrate progressiste pétrie de rationalisme, une figure de proue respectée, adulée du mouvement féministe et membre d’une société secrète de l’université de Yale. Ainsi, sur le plan idéologique et intellectuel, rien ne la portait à livrer une évaluation aussi fondamentale et profonde de la situation tragique dans laquelle nous nous trouvons actuellement et dont le nœud dépasse de loin les aspects simplement sanitaires, économiques, scientifiques, judiciaires, moraux et politiques. Ce qui rend l’analyse de Naomi Wolf particulièrement pénétrante, perspicace et indispensable, c’est sa compréhension de ce qu’en fin de compte un facteur essentiel n’a pas été pris en compte dans l’évaluation des évènements liés à la fausse pandémie Covid-19. Il s’agit de Dieu. Si Dieu existe, comment rentre-Il dans l’équation ? La clé qui a ouvert l’entendement de Naomi Wolf, favorisée sans doute par ses origines et son éducation juives, a été de réaliser que Dieu est le Créateur et qu’en tant que tel, Il a établi avec l’humanité une alliance reposant sur Sa loi. Cette compréhension alliancielle rejoint l’intuition théologique d’Olivier Nguyen qui est, à notre connaissance, l’un des seuls à avoir saisi que les vaccins à ARNm, en piratant le logiciel de la vie, constituent un acte de transgression de l’alliance éternelle entre Dieu et Sa création. Si cette compréhension est correcte, comme Naomi Wolf le soutient de manière convaincante, alors – beaucoup nous reprocheront ici de décourager la résistance en distillant un esprit « défaitiste » -, rien de nos actions de réinformation, de défense de la vérité et de la justice par quelque moyen que ce soit ne pourra arrêter la machine de guerre du totalitarisme en marche. En effet, pour que ce totalitarisme soit vaincu, il faudra un acte collectif à la mesure du mal causé par la transgression de l’alliance, un acte de nature spirituelle clairement défini dans les termes de cette alliance. Voilà pourquoi l’analyse de Naomi Wolf nous paraît si capitale. Nous la mettons à la disposition du monde francophone, autant au peuple de l’alliance et aux amis de la liberté et de la vérité qu’aux responsables et autorités qui s’opposent sciemment au Dieu de l’alliance en voulant imposer la religion du transhumanisme, avec la prière fervente qu’elle suscitera une prise de conscience adéquate, accompagnée des mesures appropriées : la repentance, la prière et un retour à Dieu.

Par Naomi Wolf

Ces jours-ci, à ma grande surprise, les gens veulent me parler du mal.

Dans un essai paru dans Substack l’année dernière, et dans mon livre The Bodies of Others, j’ai soulevé la question des ténèbres existentielles et métaphysiques.

J’ai conclu que j’avais examiné les événements des deux dernières années et demie en utilisant toute ma formation classique, mes compétences en matière de pensée critique, ma connaissance de l’histoire et de la politique occidentales et mondiales, et qu’en utilisant ces outils, je ne pouvais pas expliquer les années allant de 2020 à aujourd’hui.

En fait, je ne pouvais pas du tout les expliquer en termes matériels, politiques ou historiques ordinaires.

Ce n’est pas ainsi que se déroule habituellement l’histoire humaine.

Je ne saurais expliquer comment le monde occidental est passé, du jour au lendemain et en masse, de valeurs fondées, au moins extérieurement, sur les droits de l’homme et la décence à des valeurs de mort, d’exclusion et de haine, sans faire référence à un mal métaphysique qui dépasse l’intervention humaine faillible et maladroite.

Lorsque des tyrans ordinaires tentent de prendre le contrôle d’une société, il y a toujours une faille, une impulsion humaine qui vient contrecarrer la fuite en avant vers un objectif négatif. Il y a toujours des factions ou des lieutenants véreux dans l’histoire humaine ordinaire ; il y a toujours une erreur de calcul, une bavure ou une faille de sécurité, ou encore des divergences d’opinion au sommet. Le pouvoir de Mussolini a été affaibli lors de son entrée dans la Seconde Guerre mondiale par le fait qu’il a été contraint de partager le rôle de commandant militaire avec le roi Victor Emmanuel ; Hitler a mal calculé sa capacité à maîtriser le climat russe – jusqu’à ignorer à quel point les uniformes élégants, mais peu solides de ses soldats résisteraient au froid extrême. Avant qu’il n’ait pu organiser une contre-révolution contre le stalinisme, Léon Trotski a été assassiné à Mexico dans son bain.

Mais rien de cette fracture ou de cette mauvaise gestion typique dans l’histoire ordinaire n’a eu lieu dans la ruée mondiale vers les « confinements », dans le déploiement de l’hystérie COVID, les « obligations vaccinales », l’imposition du port des masques, la maltraitance mondiale des enfants, les médias traditionnels qui mentent à l’échelle internationale et tous dans la même direction, les milliers de « messagers de confiance » qui répètent un script unique, et dans les injections forcées ou contraintes de vaccin à ARNm dans au moins la moitié des êtres humains de la planète Terre.

À contrecœur, j’en suis venue à la conclusion que l’homme ne pouvait à lui seul coordonner un ensemble très complexe de mensonges sur un virus et propager ces mensonges de manière parfaitement uniforme sur l’ensemble de la planète, dans des centaines de langues et de dialectes. Les êtres humains, avec leurs seules ressources, n’auraient pas pu transformer du jour au lendemain les hôpitaux, qui étaient des lieux où des centaines de membres du personnel se consacraient collectivement aux soins des infirmes, à la prolongation de la vie humaine, au chérissement des nouveau-nés, à aider les mères pour qu’elles s’occupent de leurs petits, au soutien des handicapés, en usines à tuer où l’on prescrivait aux personnes âgées de « courir à la mort » (Remdesevir) en masse [n. d. t.  : l’auteur fait ici un jeu de mots qui ne peut pas se transposer un français, en employant l’expression « run-death-is-near » qui, à la lecture, a une consonance proche de Remdesevir].

Observez également la rapidité des changements. Les institutions se sont transformées du jour au lendemain en images en miroir négatives d’elles-mêmes, avec des politiques démoniaques remplaçant ce qui avait été, au moins en apparence, des politiques angéliques. Les changements dans l’histoire de l’humanité ne se produisent pas à une telle rapidité de l’éclair.

La perception positive par le public des campagnes des vaccination, l’unanimité d’une illusion collective ne peuvent pas, à mon avis, s’expliquer entièrement par la psychologie, ni même par une « formation des foules ».

Il y a eu d’autres hystéries collectives dans l’histoire, de l’accusation de meurtre rituel – la croyance répandue dans l’Europe médiévale selon laquelle les Juifs sacrifiaient des enfants chrétiens pour faire de la matzah – à la flambée des hystéries autour des sorcières de Salem, dans le Massachusetts, en 1692, à l’ « exubérance irrationnelle » de la Tulipmania, également au XVIIe siècle, aux Pays-Bas, décrite par le journaliste écossais Charles MacKay dans son récit classique de la folie collective, Extraordinary Popular Delusions and the Madness of Crowds (1841).

Mais tous ces exemples de frénésies collectives avaient à l’époque des dissidents, des critiques et des sceptiques ; aucune d’entre elles n’a duré des années en tant que paradigme délirant dominant et ininterrompu.

Ce que nous avons vécu depuis 2020 est si sophistiqué, si massif, si maléfique et exécuté à l’unisson de manière si inhumaine qu’il est impossible d’en rendre compte sans s’aventurer dans la métaphysique. Quelque chose d’autre, quelque chose de métaphysique doit avoir fait cela. Et je parle en tant que rationaliste convaincue.

J’en ai conclu que je commençais à croire en Dieu de manière plus littérale qu’auparavant, parce que ce mal était si impressionnant ; il devait donc être dirigé vers quelque chose d’au moins aussi puissant qui était tout à fait bon.

À l’époque où j’ai écrit mon premier essai, je savais que « Satan » était, du moins pour moi, une explication insuffisante du mal que je voyais. L’une des raisons pour lesquelles j’estimais que « Satan » était un nom insuffisant pour décrire ce à quoi nous étions confrontés est que je suis juive et que nous n’avons pas la même tradition au sujet de « Satan » que celle dont la culture occidentale chrétienne a hérité et qu’elle considère comme allant de soi.

Dans la tradition juive, le rôle de cette entité n’est pas celui de l’adversaire plutôt majestueux de Dieu qui apparaît à part entière dans la tradition chrétienne – un personnage élaboré qui s’est développé, comme le soulignent certains spécialistes, à la suite de l’influence du zoroastrisme sur le judaïsme, puis sur le christianisme, dans les années qui ont précédé et suivi la vie et la mort de Jésus.

Dans l’Ancien Testament, en revanche, « le Satan » ou « ha-Satan » – « l’accusateur » – fait un certain nombre d’apparitions, mais « ha-satan » est un adversaire, plutôt que l’être méchant majestueux du Nouveau Testament et des descriptions de Dante et Milton, qui ont tant influencé les idées occidentales sur le « diable ».

La manière dont le « ha-satan » hébreu diffère du Satan chrétien est importante : « De même, dans l’hébreu de l’Ancien Testament, le nom Satan (qui apparaît 27 fois) et le verbe satan (qui apparaît 6 fois) sont souvent utilisés d’une manière générale. Si je « satanise » quelqu’un, je m’oppose à lui, je l’accuse ou je le calomnie. David l’utilise ainsi dans les Psaumes : « Ceux qui me rendent le mal pour le bien m’accusent [שׂטן (satan)] parce que je poursuis le bien » (Psaumes 38:21). Si j’agis comme un « satan » pour quelqu’un, je suis donc son adversaire ou son accusateur, à l’image du messager de l’Éternel qui s’est tenu sur le chemin de Balaam « comme son adversaire [שׂטן (satan)] » (Nombres 22:22), ou de la même façon que Salomon lorsqu’il a dit à Hiram qu’il n’avait pas « d’adversaire [שׂטן (satan)] » qui s’opposait à lui (1 Rois 5:4).

Ainsi, en hébreu, le nom et le verbe שׂטן (satan) peuvent avoir le sens non technique de « s’opposer à quelqu’un en tant qu’adversaire ». Dans le cas de Balaam, même le messager du Seigneur était un « satan » pour lui, c’est-à-dire un adversaire envoyé par Dieu. C’est le premier point à retenir : contrairement au français où « Satan » désigne toujours un être malveillant, en hébreu, satan peut avoir un sens générique, non technique.

Parce que notre tradition (juive) de Satan est plus impressionniste que le personnage qui est apparu plus tard dans les récits chrétiens, j’ai senti que « Satan » n’était pas suffisant pour expliquer pleinement l’inexplicable, l’image en miroir immédiate de ce qui avait été notre société, qui est passée d’un état d’ordre au moins sur la présomption de la morale à un ordre structuré autour de la mort et de la cruauté. Mais à l’époque, je ne disposais pas d’un meilleur concept avec lequel travailler.

C’est alors que j’ai entendu parler d’un pasteur nommé Jonathan Cahn, qui avait écrit un livre intitulé The Return of the Gods (Le retour des dieux).

Le titre m’a interpellé.

Bien que je ne sois pas d’accord avec tout ce qui figure dans son livre, l’argument central du pasteur Jonathan Cahn – à savoir que nous nous sommes détournés du Dieu judéo-chrétien et que nous avons ainsi ouvert la porte de notre civilisation aux esprits négatifs des « dieux » pour qu’ils reprennent possession de nous – me semble juste.

Jonathan Cahn est un pasteur juif messianique. Il est le fils d’un réfugié de l’Holocauste. Anciennement athée, Jonathan Cahn a vécu dans sa jeunesse une expérience de mort imminente qui l’a conduit à accepter Jésus – ou Yeshua, nom par lequel il désigne cette présence, qui est le nom hébreu original – comme son Seigneur et son Sauveur. Le pasteur Cahn a un ministère basé à Wayne, dans le New Jersey, qui rassemble Juifs et païens.

Dans The Return of the Gods, sa thèse improbable, et pourtant étrangement plausible, est que d’anciennes forces obscures et métaphysiquement organisées, « les dieux » de l’Antiquité, sont « revenues » dans notre civilisation postchrétienne séculière et prétendument avancée.

La thèse que développe le pasteur Cahn est que, parce que nous nous sommes détournés de notre alliance avec YHWH – en particulier nous, en Amérique et en Occident, et surtout depuis les années 1960 – les anciens « dieux » ou plutôt les anciennes énergies païennes qui avaient été vaincues par le monothéisme et exilées en marge de la civilisation et de l’activité humaines, ont vu en nous une « porte ouverte », et donc une maison prête à être réoccupée.

Il affirme que c’est effectivement ce qu’elles ont fait.

Le pasteur Cahn s’appuie sur une parabole du Nouveau Testament pour défendre son point de vue. Je cite la version King James :

« 43 Lorsque l’esprit impur est sorti d’un homme, il marche dans des lieux arides, cherche du repos, et n’en trouve point.
44 Alors il dit : Je retournerai dans ma maison, d’où je suis sorti ; et, à son arrivée, il la trouve vide, balayée et garnie.
45 Il s`en va, et prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui ; ils entrent dans la maison, et y demeurent ; et le dernier état de cet homme est pire que le premier. Il en sera de même pour cette génération méchante. »

Matthieu 12:43-45.

Le pasteur Cahn soutient que les anciens « dieux » ont d’abord été essentiellement mis sur la défensive, comme le raconte la Bible hébraïque (Ancien Testament), d’abord par Yahvé et par l’introduction du monothéisme et par la révélation des Dix Commandements ; puis qu’ils ont été complètement vaincus et envoyés dans les ténèbres extérieures par l’arrivée dans l’humanité de l’être qu’il considère comme le Messie, Yeshoua.

L’on pourrait d’emblée s’opposer à une telle formulation : que voulez-vous dire par « les dieux » ? Mais Cahn est à la fois prudent et précis dans ses traductions et dans sa façon de retracer quatre millénaires d’histoire religieuse à travers une série de phrases.

Cahn souligne à juste titre que la Bible hébraïque fait référence à ce que l’on appelle en hébreu les « shedim » ou esprits négatifs (en hébreu moderne, ce mot signifie « fantômes »). Cahn souligne à juste titre que ces esprits, puissances ou principautés étaient adorés dans le monde païen sous de nombreuses formes – du dieu de la fertilité Baal à la déesse de la sexualité Ashera ou Ashtaroth, en passant par l’idole de la destruction Moloch. Il souligne à juste titre que le monde antique était partout consacré à ces entités ténébreuses ou inférieures, et que les adorateurs allaient jusqu’à sacrifier leurs propres enfants pour obtenir la faveur de ces forces. Il relate correctement le récit central des tribus d’Israël qui, tour à tour, embrassent Yahvé, Ses Dix Commandements et Son alliance éthique, puis trouvent tout cela trop contraignant et s’éloignent de Yahvé pour se prostituer à ces dieux païens. Il note que les dieux du monde vétérotestamentaire sont descendus sous une forme actualisée dans la vie gréco-romaine, prenant de nouveaux noms : Zeus, Diane, etc.

Il note à juste titre que la Septante, la première traduction grecque de la Bible hébraïque, a rendu « shedim » par Daimones. Ce mot est également rendu par « personnifications d’esprits » ; nous traduisons ce mot en français aujourd’hui par « démons ».

Après avoir retracé avec précision la lignée des cultes et des forces païens, Cahn soutient qu’ils n’ont jamais été vaincus par l’adoption du christianisme en Occident, mais qu’ils ont plutôt été repoussés aux marges de la civilisation occidentale, affaiblis par notre alliance avec YHWH, ou avec Jésus, selon ce que nous sommes.

Il affirme que ces forces négatives, mais potentiellement puissantes, sont restées en sommeil pendant deux millénaires, en vertu de l’alliance judéo-chrétienne de l’Occident. Et que notre détournement de Dieu a été l’occasion qu’elles ont maintenant saisie pour revenir.

Nous sommes donc la maison qui a été nettoyée – par l’alliance avec Dieu dans la consécration judéo-chrétienne de l’Occident. Mais nous avons ensuite abandonné la maison, affirme-t-il, et l’avons laissée vulnérable, ouverte, permettant ainsi aux énergies négatives d’y pénétrer à nouveau.

S’il est aujourd’hui démodé de parler de notre fondement et de notre héritage judéo-chrétiens en Occident, il ne devrait pas en être ainsi. Cet héritage est simplement un fait historique. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de mépriser ni d’insulter le bouddhisme ou l’islam (qui fait également partie de la lignée judéo-chrétienne, mais il s’agit là d’un autre essai), le jaïnisme ou le shintoïsme, pour reconnaître le fait que la civilisation occidentale des deux derniers millénaires a été judéo-chrétienne, et que nos fondateurs, tout en établissant à juste titre la liberté religieuse, pensaient qu’ils consacraient une nation en l’alignant sur la volonté de Dieu tel qu’ils Le concevaient.

Cahn cite le ministre puritain Jonathan Winthrop qui avertit que l’État de l’Amérique, béni par Dieu, ne durera que tant que nous respecterons notre part de l’alliance.

Cela vaut la peine de revenir au célèbre discours du pasteur Winthrop et à son invocation de l’alliance qui est à la base de la fondation de l’Amérique :

« C’est ainsi que se présente la cause entre Dieu et nous. Nous avons conclu une alliance avec Lui pour cette œuvre. Nous avons reçu un mandat. Le Seigneur nous a donné l’autorisation de rédiger nos propres articles. Nous avons fait profession d’entreprendre tel ou tel projet, à telle ou telle fin. Nous L’avons ensuite prié de nous accorder Sa faveur et Sa bénédiction. Si le Seigneur veut bien nous exaucer et nous amener en paix à l’endroit que nous désirons, Il a ratifié cette alliance et scellé notre mandat, et Il s’attend à ce que nous respections scrupuleusement les articles qu’elle contient ; mais si nous négligeons l’observation de ces articles, qui sont les fins que nous avons proposées, et que, nous désintéressant de notre Dieu, nous tombons dans le monde présent et poursuivons nos intentions charnelles, recherchant de grandes choses pour nous-mêmes et pour notre postérité, le Seigneur ne manquera pas d’éclater de colère contre nous, de Se venger d’un tel peuple et de nous faire connaître le prix de la rupture d’une telle alliance.
Le seul moyen d’éviter ce naufrage et de pourvoir aux besoins de notre postérité est de suivre le conseil de Michée, d’agir avec justice, d’aimer la miséricorde et de marcher humblement avec notre Dieu. »

Jonathan Winthrop.

Pourquoi est-ce que je partage tout cela ? Parce que, alors qu’il serait facile de rejeter la théorie du pasteur Cahn en la qualifiant de farfelue et de fanatique, j’en suis venue, à contrecœur, à croire que sa thèse centrale pourrait être juste.

Dans l’Ancien Testament, ce n’est pas « ha-Satan » qui est le personnage le plus redoutable, le plus perfide, le plus dangereux. Ce sont plutôt « les dieux » qui sont les abominations séduisantes – c’est-à-dire les dieux anciens, antérieurs à YHWH, antérieurs à la religion de Moïse, antérieurs au christianisme : nos vieux adversaires dans la Bible hébraïque – les adversaires de YHWH – sont Baal, Moloch (ou Malek) et Astarté ou Ashera.

Ce sont là « les dieux » qui ont trompé, attiré, traqué, déconcerté et séduit mon peuple – encore et encore. Ce sont les « dieux » au sujet desquels cette extraordinaire innovation dans l’histoire de l’humanité – le Dieu monothéiste de tous – nous met continuellement et spécifiquement en garde, met en garde les enfants d’Israël.

Ce sont là « les dieux » auxquels les enfants d’Israël offrent des sacrifices et auprès desquels ils s’égarent constamment, décevant et exaspérant notre Créateur. Ce sont « ces dieux », avec leurs sacrifices d’enfants et leurs images taillées, contre lesquels notre père Abraham s’est rebellé et a enseigné à ses descendants à se rebeller. Ce sont « ces dieux » qui acceptent des sacrifices d’enfants – pratique réelle, barbare, répandue dans toute la culture et qui s’est poursuivie pendant des siècles dans les tribus et les civilisations environnant les enfants d’Israël, et qui a été supplantée par les sacrifices d’animaux ; il s’agit d’une évolution de la civilisation humaine qui est représentée par l’histoire du sacrifice par Abraham de son fils Isaac, sacrifice qui a été évité de justesse lorsque l’enfant sur l’autel est remplacé miraculeusement par un bélier pourvu, au dernier moment, par le Seigneur Dieu.

Le pouvoir purement immoral de Baal, la force destructrice de Moloch, la séduction effrénée et la licence sexuelle d’Astarté ou d’Ashera – telles sont les forces primaires qui me semblent effectivement être « revenues ».

Ou du moins les énergies qu’elles représentent – pouvoir moral sur les hommes, culte de la mort, antagonisme à l’ordre sexuel de la famille intacte et aux relations fidèles – semblent être « revenues », sans retenue, depuis 2020.

Il se peut, en effet, que des forces négatives réapparaissent ou émergent au grand jour de leurs domaines moins visibles, forces que nous, après deux millénaires de judéo-christianisme, avons littéralement oublié, du moins dans la civilisation occidentale, comment identifier. Il se pourrait bien que ces forces négatives soient très complexes, extraordinairement puissantes et étonnamment bien organisées.

Il se peut, en effet, qu’elles soient revenues dans notre « maison » en Occident et qu’elles aient émergé de manière visible au cours de ces deux dernières années.

Je crois qu’elles ont pu le faire parce que nous avons abandonné notre propre objectif de maintien d’une alliance fondamentale avec Dieu.

Après m’être replongée dans l’Ancien Testament, il m’apparaît clairement que YHWH nous a prévenus que cela pourrait arriver – que nous pourrions facilement perdre Sa protection et rompre l’alliance.

Il nous a d’ailleurs mis en garde, à maintes reprises, dans la Bible hébraïque, contre ce risque.

À l’école hébraïque, l’on m’a appris que nous, les Juifs, sommes à jamais le « peuple élu » de Dieu.

Mais Dieu ne dit pas cela systématiquement dans l’Ancien Testament.

La Bible hébraïque mentionne à de nombreuses reprises une « alliance ». Mais lorsque YHWH explique ce qu’Il attend de Ses enfants, dans l’ « Exode », il est clair qu’Il attend de nous un certain comportement pour que nous recevions Sa bénédiction :

« Dieu a établi l’alliance mosaïque juste après qu’un développement significatif anticipé en Genèse 15 a eu lieu : l’émancipation des descendants d’Abraham de l’oppression dans un pays étranger (cf. Genèse 15:13-14 ; Exode 19:4-6 ; 20:2). Au Sinaï, l’accent est mis moins sur ce que les descendants d’Abraham doivent faire pour hériter de la terre que sur la manière dont ils doivent se comporter sur la terre en tant que nation unique que Dieu a voulu qu’ils soient (Exode 19:5-6). Pour être le « trésor de Dieu », le « royaume de sacrificateurs » et la « nation sainte » (Exode 19:5-6), Israël doit respecter l’alliance de Dieu en se soumettant à Ses exigences (c’est-à-dire aux stipulations énoncées dans Exode 20-23). En adhérant à ces obligations et aux obligations ultérieures de l’alliance données au Sinaï, Israël serait manifestement différente des autres nations et refléterait ainsi la sagesse et la grandeur de Dieu pour les peuples environnants (cf. Deutéronome 4:6-8). »

https://www.olivetree.com/blog/discover-5-covenants-bible/

Il ne dit donc pas que nous sommes automatiquement placés sous Sa protection pour toujours ; Il dit plutôt, maintes et maintes fois, que si nous, les enfants d’Israël, agissons avec justice, aimons la miséricorde, visitons les malades et protégeons la veuve et l’orphelin, alors nous serons « Son peuple » et nous aurons Son alliance – Sa bénédiction et Sa protection.

Il nous avertit également, directement Lui-même et par l’intermédiaire de Ses nombreux prophètes, que nous pouvons perdre Sa protection en abandonnant notre part dans l’alliance ; une alliance qui, comme tous les contrats ou accords, va dans les deux sens.

Et Dieu est très clair, du moins dans l’Ancien Testament ; Il dit à certains endroits : « Vous avez quitté les sentiers de la justice, alors je vous retire ma protection. »

J’ai toujours pensé que de nombreux Juifs, et en fait avec eux toute l’éducation que j’ai reçue à l’école hébraïque, ont mal interprété de manière alarmante ce que YHWH a si clairement déclaré. L’on m’a appris que le fait d’être « choisi » comme peuple de Dieu était un statut statique et chanceux. Il suffisait de naître Juif – mieux encore, de naître Juif, d’épouser un conjoint juif, d’élever des enfants juifs, d’allumer les bougies du sabbat, d’aller à la synagogue les jours fériés et de visiter l’État d’Israël. L’on m’a également appris que Dieu avait accordé la terre d’Israël au peuple juif de manière inconditionnelle.

À l’école hébraïque, l’on ne nous a pas enseigné ce que dit réellement la Bible hébraïque, à savoir que nous pourrions perdre la faveur de Dieu et être à nouveau « non élus ».

Ce que Dieu nous dit, encore et encore, tout au long de l’Ancien Testament, c’est qu’Il demande une relation vivante, réelle, organique avec nous, les enfants d’Israël, dans laquelle nous montrons notre engagement envers Lui et notre dévouement à Son égard en tant que « Son peuple » – par la façon dont nous Le traitons chaque jour, c’est-à-dire par la façon dont nous traitons ceux qui nous entourent, comme Il nous l’a demandé, en Son nom.

C’est ce qu’Il appelle « Son alliance ». C’est ce qu’Il entend par « mon peuple ».

Dans Genèse 9:8-17, Dieu promet à Noé, après le déluge :

Dieu parla encore à Noé et à ses fils avec lui, en disant : ‘Voici, j’établis mon alliance avec vous et avec votre postérité après vous ; avec tous les êtres vivants qui sont avec vous, tant les oiseaux que le bétail et tous les animaux de la terre, soit avec tous ceux qui sont sortis de l’arche, soit avec tous les animaux de la terre. J’établis mon alliance avec vous : aucune chair ne sera plus exterminée par les eaux du déluge, et il n’y aura plus de déluge pour détruire la terre.’ Et Dieu dit : ‘C’est ici le signe de l’alliance que j’établis entre moi et vous, et tous les êtres vivants qui sont avec vous, pour les générations à toujours : j’ai placé mon arc dans la nue, et il servira de signe d’alliance entre moi et la terre. Quand j’aurai rassemblé des nuages au-dessus de la terre, l’arc paraîtra dans la nue; et je me souviendrai de mon alliance entre moi et vous, et tous les êtres vivants, de toute chair, et les eaux ne deviendront plus un déluge pour détruire toute chair. L’arc sera dans la nue ; et je le regarderai, pour me souvenir de l’alliance perpétuelle entre Dieu et tous les êtres vivants, de toute chair qui est sur la terre.’ Et Dieu dit à Noé : ‘Tel est le signe de l’alliance que j’établis entre moi et toute chair qui est sur la terre.’

Genèse 9:8-17.

Bien qu’Il ait promis une « alliance éternelle », cela ne signifie pas que nous puissions faire tout ce que nous désirons faire ici sur Terre. Il n’a jamais dit qu’Il n’abandonnerait jamais, sous aucun prétexte, l’humanité telle qu’elle est, dans son contexte actuel sur cette planète. Il a plutôt promis qu’Il ne ferait plus jamais disparaître l’humanité méchante par l’eau.

Il nous a toujours, à juste titre, fait comprendre que dans un partenariat vivant avec Lui, nous sommes censés Lui montrer notre amour et notre reconnaissance pour le privilège d’être unis à Sa voie – par nos actions zélées, difficiles, librement choisies, continuelles.

Nourrissez les affamés. Chaque jour. Rendez visite à ceux qui sont en prison. Prenez soin de l’orphelin. Protégez la veuve. Agissez avec justice.

Ainsi, la vérité des exigences de Dieu à notre égard, nous les Juifs, dans la Bible hébraïque, n’est absolument pas : « Une fois élu, élu pour toujours. »

L’alliance n’est pas définie comme une carte blanche nous permettant d’abuser de notre relation avec notre Créateur.

De nombreuses fois, dans la Bible hébraïque, nous avons montré à Dieu que nous n’étions pas à la hauteur de cette marche quotidienne avec Lui qu’Il réclamait de nous. Elle est difficile, elle est épuisante. Les anciens dieux qui nous entouraient à l’époque des prophètes étaient si séduisants. Leur rendre un culte était tellement plus facile – sacrifier un taureau, verser de l’huile, payer un sacrificateur. Visiter une prostituée du temple.

Les anciens dieux n’exigeaient pas des actes quotidiens de justice, de miséricorde, de charité, de retenue sexuelle, comme l’avait fait YHWH, si exigeant sur le plan moral selon les normes du monde antique.

Si la cour que Dieu fait aux enfants d’Israël dans l’Ancien Testament était un roman d’amour ou un film – ce qu’elle est vraiment, si on l’interprète correctement – le meilleur ami bien intentionné donnerait ce conseil au Seigneur d’Israël :

Abandonne-les. Éloigne-toi d’eux. Ils ne s’intéressent tout simplement pas à toi.

Dieu n’a jamais dit : une fois que je t’aurai choisi comme « mon peuple », tu pourras faire tout ce que tu voudras. Il ne veut pas d’une relation abusive ni d’une relation où chacun est indépendant.

Il veut un vrai mariage.

Aujourd’hui, nous courons un grave danger si, en tant que Juifs, nous pensons qu’en honorant notre héritage ethnique ou même nos traditions religieuses, même si nous pratiquons la cacherout et allumons les bougies du sabbat, nous faisons ce que YWHW a vraiment demandé de nous.

L’on pourrait dire la même chose, et je le dis avec le même respect, de beaucoup d’églises, de livres et de messages médiatiques chrétiens. Je suis en dialogue avec de fervents chrétiens appartenant à de nombreuses confessions, avec lesquels j’ai partagé ces inquiétudes, qui pensent également que nous vivons une période de danger moral similaire pour leurs coreligionnaires, et ce pour des raisons similaires.

Nous sommes d’accord pour dire que trop peu de membres de ces deux communautés semblent comprendre à quel point l’abandon de Dieu peut être dangereux pour une nation, pour une civilisation.

Il y a eu des moments où les avertissements de YHWH à notre égard, en tant que Tribus d’Israël, se sont vérifiés. Dieu a permis qu’une génération qui a désobéi aux instructions de Dieu et qui s’est obstinée à adorer le veau d’or meure durant leur exil de la terre promise ; les Israélites n’ont pu entrer dans cette terre qu’après la naissance d’une nouvelle génération innocente. Plus tard, après les avertissements du Seigneur et les innombrables avertissements de Ses prophètes, de Jérémie à Ésaïe, nous avons été effectivement déportés, le premier Temple a bien été détruit et nous avons bien été envoyés en exil à Babylone. Nous avons en effet pleuré au bord des fleuves de Babylone, pendant notre exil. Après avoir été dûment avertis, y compris par un rabbin nommé Jésus, nous avons tous, Juifs et chrétiens, bien assisté à la destruction du second Temple, comme cela avait été prédit. Nous avons été avertis de la destruction de Jérusalem :

« Lamentation sur Jérusalem

37 Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! 38 Voici, votre maison vous sera laissée déserte. 39 Car je vous le dis, vous ne me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez : ‘Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !’

Luc 13:31-35.

Nous, les Juifs, nous avons effectivement été dispersés dans le monde entier ; notre maison a bien été laissée déserte ; nous avons bien été envoyés de nouveau en exil.

J’ai le sentiment que de nombreux Juifs et de nombreux chrétiens sont actuellement exposés au risque d’une pensée indûment positive – au risque de penser que tout va bien, que nous serons tous automatiquement rachetés – alors qu’il est manifeste que ce n’est pas le cas.

L’histoire juive étant plus longue que l’histoire chrétienne (ce n’est pas un jugement de valeur, c’est juste une constatation), nous avons plus d’expérience du fait que Dieu a effectivement retiré Sa protection et nous a abandonnés au sort dont Il nous avait avertis.

Mais même l’histoire chrétienne n’atteste pas que Dieu promet de ne jamais Se retirer. Bien que ces avertissements plus sombres ou plus courroucés semblent moins souvent enseignés sur de nombreuses chaires de nos jours qu’ils ne l’étaient dans notre passé puritain, Jésus Lui-même a averti Ses disciples des conséquences désastreuses d’un comportement immoral – des graves dangers d’être des « sépulcres blanchis » – d’actions comme : négliger les pauvres ou leur faire du mal, ou faire souffrir des enfants.

Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux ; vous n’y entrez pas vous-mêmes, et vous n’y laissez pas entrer ceux qui veulent entrer. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous dévorez les maisons des veuves, et que vous faites pour l’apparence de longues prières ; à cause de cela, vous serez jugés plus sévèrement.

Matthieu 23:13-14.

Ce que je veux dire, c’est que nos ancêtres, dans les deux traditions religieuses, juive et chrétienne, ont compris qu’une alliance – qui implique la bénédiction et la protection de Dieu – nécessitait une action à la fois de la part du Seigneur et de Son peuple pour entrer en vigueur.

Il ne s’agissait pas d’un laissez-passer éternel.

Notre génération l’a oublié.

Mais je pense qu’il est possible que pendant plus de quatre mille ans – et ensuite pendant deux mille ans – l’alliance de Dieu ait en fait largement protégé l’Occident, et que nous ayons eu Sa bénédiction pendant si longtemps que nous l’avons considérée comme acquise ; et que ces dernières années, nous ayons relâché notre attache à l’alliance de Dieu – et que Dieu Se soit simplement retiré, comme Il nous avait prévenus dans l’Ancien Testament qu’Il pourrait le faire – et nous ait laissés seuls face à nos propres moyens – afin que nous puissions voir par nous-mêmes comment nous nous débrouillerions lorsque nous dépendrions uniquement des êtres humains. En l’absence de l’alliance et de la protection de Dieu en Occident, le mal prospère.

La thèse du pasteur Cahn a fait écho en moi, parce que les énergies dont j’ai senti qu’elles ont inondé notre monde au cours de ces deux dernières années me semblent primitivement reconnaissables pour moi, en tant que Juive – ancestralement reconnaissables.

L’atmosphère générée par ces forces obscures, aujourd’hui libérées dans le monde qui nous entoure, ressemble à ce que le monde devait ressentir avant que Moïse ne monte sur le mont Sinaï, ou avant qu’un bébé, Jésus, ne naisse dans une crèche.

Elle ressemble de nouveau au passé prémonothéiste, au monde auquel les Hébreux étaient confrontés lorsque la Parole de Dieu leur a été révélée pour la première fois.

Elle ressemble de nouveau au monde ancien qui tentait continuellement les Hébreux de s’éloigner de la pratique difficile, rigoureuse, quotidienne et exigeante de la morale et de l’adhésion aux Dix Commandements. Elle ressemble de nouveau à ce que ressentait le monde antique, qui était sous la domination ténébreuse, inexorable, complexe et antihumaine de Baal, de Moloch et d’Asherah.

En d’autres termes, c’était – et c’est toujours – un monde dans lequel les êtres humains n’avaient pas, n’ont pas d’importance. C’était – et c’est aujourd’hui – un monde dans lequel les enfants peuvent être massacrés par leurs parents ou par les autorités. C’était – c’est maintenant – un monde dans lequel l’esclavage n’avait et n’a plus aucune valeur morale. La luxure et la cupidité étaient – et sont encore aujourd’hui – tout. Dieu n’était alors pas pleinement présent – et aujourd’hui, je soutiens, comme le pasteur Cahn, que Dieu S’est retiré.

Le respect des normes et des valeurs judéo-chrétiennes, qui ont été la marque de fabrique de l’Occident pendant deux millénaires – même lorsque nous n’étions pas à la hauteur – s’est complètement effondré.

Le grand génie de l’Amérique n’est pas d’avoir été consacrée à une religion spécifique – le génie de notre nation comprend la liberté de religion, mais notre caractéristique distinctive est d’avoir été fondée comme une Ville sur une Colline (*) ; spirituellement, nous avons été consacrés à Dieu, via notre ultime manifestation organisationnelle de la liberté humaine, ayant son fondement dans le libre arbitre.

Si nous nous retirons de cette alliance, peut-être que le pasteur Cahn a raison ici et que les entités païennes, longtemps tenues à l’écart en Occident, seront renforcées et reviendront au galop.

Ainsi, la décence, les droits de l’homme, les valeurs humaines, que nous pensions être des valeurs laïques innées de l’Occident, s’avèrent être des valeurs qui ne peuvent pas être protégées durablement sans la bénédiction de ce qui a été, en Occident, un Dieu judéo-chrétien. Elles sont toutes en train d’être éliminées de notre société, et presque personne ne se tient sur la brèche pendant que cela se produit – en tout cas très peu de personnes qui ne sont pas des croyants le font.

Regardez maintenant nos dirigeants politiques, nos structures nationales en Occident. Du jour au lendemain, elles sont passées d’une orientation éthique, du moins extérieurement, à des organisations purement nihilistes. Avant 2020, les normes judéo-chrétiennes n’avaient pas entièrement quitté l’Occident, même si le langage religieux explicite n’était plus invoqué dans ses espaces publics.

Ce que je veux dire, c’est que jusqu’en 2020, les systèmes de croyances bibliques structuraient nos institutions, même si nous n’invoquions plus Dieu explicitement.

La Bible est omniprésente en Occident – ou l’a été – même si nous pensons vivre dans une réalité postmoderne. Nous avons été aveugles à son influence, pour la plupart d’entre nous.

L’idée qu’il faut rechercher la paix avec les voisins avec lesquels l’on n’est pas d’accord, plutôt que d’essayer de leur faire du mal, à eux ou à leurs enfants ; l’idée qu’un tribunal doit rendre une justice impartiale plutôt que de remettre les biens au plaignant le plus puissant ; l’idée qu’il faut s’occuper des pauvres et des orphelins d’une communauté, plutôt que de les réduire en esclavage ou de les laisser mourir de faim ; ces normes n’étaient pas celles du monde païen.

Il s’agit plutôt de croyances bibliques, même si la religiosité judéo-chrétienne explicite a été retirée du discours public.

Nos institutions occidentales ont donc été comme des vases fabriqués selon le procédé de la « cire perdue » ; elles ont conservé la forme des concepts et des croyances bibliques, même si le langage biblique en public est aujourd’hui contraire à la loi ou a cessé d’être une norme culturelle.

Mais nous ne laissons pas les bébés mourir de faim – du moins nous n’avons pas tué les bébés vivants avant 2020 – pour une raison ; nos tribunaux, du moins de manière ostensible, n’autorisent pas la tricherie ni le vol dans notre société, pour une raison ; nous n’abandonnons pas les personnes âgées à l’équivalent moderne des animaux sauvages – pour une raison ; et ces raisons découlent directement des Dix Commandements, de l’Ancien et du Nouveau Testaments. Ceux-ci ont bien sûr façonné nos institutions pendant des millénaires, même si nous pensons aujourd’hui que ces institutions sont laïques.

Bien que laïques, en Occident, jusqu’en 2020, nos institutions ont conservé une forme biblique, et non païenne.

Les congrès, les parlements, les organisations à but non lucratif ont été organisés selon des cadres éthiques fondamentalement judéo-chrétiens, même si le langage religieux explicite ne fait plus partie du discours public. Le respect des droits de l’homme, l’égalité de tous en termes de valeur, l’amour de la vie, la recherche d’une société pacifique – même si nos institutions étaient loin d’être parfaites, il s’agissait de nos valeurs institutionnelles, en Occident, du moins extérieurement, jusqu’en 2020.

Tout cela a changé apparemment du jour au lendemain.

Le pasteur Cahn note que Jésus a identifié Satan aux côtés des « Daimones ». Le pasteur Cahn désigne ces anciens dieux et puissances, ainsi que le « Satan » plus moderne, comme les forces « anti-Dieu ».

En tant que tel, j’ai le sentiment que c’est à cela que nous sommes confrontés de manière terrifiante. Depuis 2020, j’ai le sentiment que le monde a été baigné, infusé dans des énergies intensément puissantes qui l’ont même bombardé et qui ne nous sont absolument pas familières dans cette présente génération, mais qui pourraient provenir d’une époque préchrétienne, précédant une époque ayant des fondements solidement juifs, une époque où le judaïsme primitif luttait contre les entités séductrices et oppressives qui ont toujours cherché à séduire les enfants d’Israël pour les éloigner de la vérité du monothéisme, du Dieu unique.

Les anciens « shedim » sont les seules « principautés et puissances » que je puisse imaginer, capables de manifester un réseau national, et maintenant mondial, de défenseurs de certaines politiques, de travailleurs sociaux, de graphistes, de membres du Parlement, qui promeuvent tous un culte de la mort en pleine ascension au moyen de l’euthanasie. Les anciens « daimones » sont les seules entités que je puisse imaginer qui soient suffisamment puissantes pour, en l’espace de deux ans à peine, détruire les familles, ruiner la sexualité et la fertilité, tourner en dérision les droits de l’homme, exalter la fin de la pensée critique, nous faire marcher au pas au rythme de l’adoration des technocrates et de la technocratie, du sectarisme médical et du culte orgiaque de l’anéantissement de soi et d’autrui.

Et – je dois le faire remarquer – si ces « shedim » ou « daimones » sont impuissants, pourquoi leurs symboles réapparaissent-ils partout ? Autrefois, je considérais comme fanatiques les chrétiens fondamentalistes qui mettaient en garde contre Satan tapi dans le rock’n’roll. Mais ce que je vois maintenant moi-même autour de moi, je ne peux pas ne pas le voir.

Une arche du temple de Baal a en fait été reconstruite à grands frais à partir de son original en Syrie, et transportée sur une grande artère de Londres où elle apparaît bien en vue, et a maintenant été dévoilée à Washington DC et à New York.

Pourquoi ?

Dans une étrange cérémonie d’inauguration d’un nouveau tunnel ferroviaire en Suisse [n.d t. : il s’agit du tunnel du Gothard, voir cet article analysant en détail cette cérémonie et sa symbolique occulte et foncièrement satanique], à laquelle ont assisté des dirigeants européens, une entité à cornes (« un bouquetin ») était de la partie, un agneau symbolique était élevé, un ange terrifiant apparaissait et des hommes et des femmes presque nus se tordaient en prenant des postures qui évoquent des jeux sadomasochistes de domination sexuelle.

Pourquoi ?

Le spectacle de Katy Perry en 2015, dans lequel elle se produit en se tenant à califourchon sur un énorme lion mécanique, fait directement écho à la symbolique d’Ishtar/Ashera, et ce jusqu’à sa posture emblématique.

Pourquoi ?

La chanson « Unholy » de Sam Smith, baignée dans une lumière rouge lugubre, avec son imagerie satanique, remporte les Grammys, et le site Billboard est cité respectueusement par l’Église de Satan quand il se moque de la « réaction choquée » des conservateurs.

Pourquoi ?

Un terrifiant taureau animé aux yeux rougeoyants est apparemment vénéré par des danseurs et danseuses peu vêtus, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux du Commonwealth à Birmingham, en Angleterre, en 2022. C’est tout simplement bizarre.

Pourquoi ?

Cérémonie d’ouverture des Jeux du Commonwealth à Birmingham, Angleterre, 2022.

Le taureau était autrefois un symbole de Ba’al :

[Source: https://www.thattheworldmayknow.com/fertility-cults-of-canaan]

La conférence « SatanCom » se tiendra à Boston en 2023 et fait l’objet d’une couverture assez respectueuse dans le Boston Globe. Un thème mis en avant dans cette conférence à venir ? « L’avortement en tant que droit (religieux) ». Le Globe ne soulève aucune question sur ce rassemblement.

Pourquoi ?

Une statue a été érigée en l’honneur de la défunte juge de la Cour suprême, Ruth Bader Ginsburg. Fait tout à fait inexplicable, elle a des cornes et des tentacules.

Voici NOW 2023 (Bronze) qui sera installée le 14 janvier sur le toit du palais de justice de l’État de New York (Appellate Division Courthouse) à l’angle de Madison et de la 25e rue. pic.twitter.com/BqinlBlUW0.

Pourquoi ?

Je pourrais continuer ainsi longtemps. Une fois que l’on voit les thèmes occultes, sataniques, préchrétiens, ténébreux ou « daimonistes » se réinstaller dans la société occidentale, l’on ne peut plus ne pas les voir.

L’élite ne perd pas son temps ni son argent à créer des images, des rituels ou des thèmes qui n’ont aucune raison d’être. Je ne peux pas oublier que les sociétés secrètes de Yale (et j’ai été membre d’une société importante qui comportait un élément secret) s’inspirent de thèmes rituels préchrétiens, voire païens, du culte de Mithra, dans le cadre de leurs cérémonies initiatiques.

S’agit-il d’une simple expression artistique ou d’une vitrine à la mode ? Ou est-ce simplement dû à l’ennui ?

Toute l’Europe occidentale était autrefois consacrée à Jésus, à Marie et aux saints – ou à l’Église ; presque chaque chapelle, ville, village, carrefour ; Santander, Mont St Michel, Greyfriars. Une grande partie de l’Amérique aussi : Santa Barbara, San Francisco, San Mateo, Santa Catalina. Cette consécration n’a-t-elle établi que des noms de lieux ?

A-t-elle contribué à notre sécurité ?

Sommes-nous en train d’assister au processus coûteux et intentionnel de reconsécration par les élites mondiales de notre Amérique, de notre Occident, à des entités négatives qui sont en fait réelles – en dépit de tous les récits dominants depuis le début du XXe siècle qui affirment le contraire?

Comme l’a souligné le poète Charles Baudelaire, « la plus grande manœuvre du Diable a été de convaincre le monde qu’il n’existait pas ».

La seule chose qui me semble intuitive, c’est que ces forces païennes pourraient bien avoir repris pied sur notre planète.

Ce que je semble comprendre intuitivement, c’est que la patience de Dieu à notre égard atteint sa limite.

Et Il a dit :

« D’accord, vous voulez l’indépendance ?

Agissez à votre guise . »

Et il nous a laissés partir.

Et cela – l’absence de la protection de notre Dieu – la montée en puissance d’un royaume sur Terre où nous faisons tout nous-mêmes, où nous sommes au centre de nos considérations, où nous nous adorons nous-mêmes, où nous ne recherchons que des œuvres humaines, où nous nous libérons de toutes les contraintes légales, où nous embrassons toutes les convoitises et où nous obéissons à des autorités non divines, où nous rejetons la miséricorde, où nous exaltons tous les narcissismes, où nous traitons les enfants comme des animaux que nous possédons, où nous traitons la famille comme un champ de bataille, où nous traitons les églises et les synagogues comme des plates-formes de marketing…,

cela est en effet

ce à quoi ressemblent les royaumes des ténèbres païennes, ou des Principautés et des Puissances.

Il se peut, en effet, que ce soit

ce à quoi ressemble l’enfer lui-même.

Source : https://naomiwolf.substack.com/p/have-the-ancient-gods-returned

Article original en anglais publié le 23 février 2023.


A propos de l’auteur

Naomi Wolf est née le 12 novembre 1962 à San Francisco) et est un auteur et une consultante politique américaine. Elle est la fille de Leonard Wolf, auteur de romans gothiques. Elle est née dans une famille juive, dont la branche paternelle a été victime de la Shoah. Sa mère est anthropologue et son père est auteur. Elle a été mariée à David Shipley, qui a été la « plume » du président Bill Clinton, et avec qui elle a eu deux enfants.

Naomi Wolf a obtenu un doctorat en littérature anglaise de l’Université d’Oxford en 2015. Elle a enseigné les études victoriennes en tant que professeur invité à SUNY Stony Brook, a reçu une bourse de recherche du Barnard College au Center for Women and Gender, a bénéficié d’une bourse de recherche de l’Institut américain Rothermere pour son travail sur John Addington Symonds à l’Université d’Oxford et a enseigné la littérature anglaise à l’Université George Washington en tant que conférencière invitée. Autrefois démocrate progressiste embrassant et promouvant les idées féministes centrées sur la libération sexuelle, elle a donné de nombreuses conférences sur les thèmes abordés dans son livre Outrages: Sex, Censorship and the Criminalization of Love, et a présenté des conférences sur Addington Symonds et les thèmes abordés dans Outrages à l’Ashmolean Museum d’Oxford, au Balliol College d’Oxford et aux étudiants de la Faculté d’anglais de l’université d’Oxford. Elle a également donné une conférence sur Symonds et Outrages lors du premier colloque LGBTQ à Rhodes House. Mme Wolf a bénéficié d’une bourse Rhodes et est diplômée de l’université Yale. Elle a écrit huit best-sellers de non-fiction sur les questions relatives aux femmes et aux libertés civiles, et est la PDG de DailyClout.io, un site d’information et une base de données législatives dans laquelle la législation fédérale et des États américains est partagée numériquement et lue et expliquée chaque semaine. Elle est titulaire d’un doctorat honorifique du Sweet Briar College. Elle vit avec sa famille à New York, aux États-Unis.

Dans les années 1990, elle a été conseillère politique pour les campagnes présidentielles de Bill Clinton et d’Al Gore. Elle a participé à la campagne de réélection du président Bill Clinton en 1996, réfléchissant avec l’équipe de Bill Clinton aux moyens d’atteindre les électrices.

Lors de la candidature d’Al Gore à l’élection présidentielle de 2000, Mme Wolf a été engagée comme consultante. Ses idées et sa participation à la campagne ont fait l’objet d’une couverture médiatique considérable.

Elle est également cofondatrice et présidente du Woodhull Institute for Ethical Leadership.

Souvent présentée comme la voix de la troisième vague du féminisme, Naomi Wolf a attiré l’attention internationale avec la publication de son premier livre, The Beauty Myth: How Images of Beauty are Used Against Women (1990), publié d’abord en Angleterre, puis aux États-Unis. Ce livre explore les normes de beauté imposées aux femmes et soutient que ces normes servent à maintenir le statu quo en sapant continuellement les progrès des femmes, les rendant responsables des normes de beauté fixées par une culture centrée sur l’homme.

Le livre est né des travaux de Mme Wolf en tant que boursière Rhodes à l’université d’Oxford. Elle étudiait les idées sur la beauté aux XIXe et XXe siècles lorsqu’elle a fait le lien avec sa propre génération, celle des femmes ayant grandi dans les années 1970. Malgré les changements apportés par la deuxième vague du mouvement féministe (les années 1960 et 1970), les femmes de sa génération étaient confrontées à des exigences de beauté décourageantes ; en réaction, nombre d’entre elles succombèrent à l’anorexie et à la boulimie. Elle a ensuite exploré l’idée que les normes de beauté circonscrivent les femmes dans toutes les professions, les soumettant à des routines de maquillage, de coiffure et de mode qui équivalent à un « troisième quart » de travail. Les femmes qui réussissent et qui veulent continuer à gravir les échelons de l’entreprise savent qu’il est atrocement plus important pour elles d’avoir une apparence jeune et pleine de vitalité que pour les hommes avec lesquels elles sont en concurrence dans la recherche de promotions.

The Beauty Myth a été un best-seller et a été adopté par de nombreux membres du mouvement féministe. Il a apporté à Mme Wolf une célébrité immédiate et l’a placée dans le cercle des célébrités qui retiennent l’attention des médias. Son livre suivant, Fire with Fire : The New Female Power and How to Use It (1993), est plus controversé. Il s’agit en partie d’une critique du féminisme de la deuxième vague, qu’elle accuse d’être devenu trop rigide dans ses opinions. Elle appelle les féministes à élargir leur définition d’elles-mêmes. Mme Wolf a présenté l’idée d’un « féminisme de pouvoir », affirmant que le temps était venu pour les femmes d’embrasser leur pouvoir politique (les partis politiques courtisaient alors les votes des femmes). Elle a également exhorté les femmes à renoncer au « féminisme victimaire » et à reconnaître, exalter et développer leur propre pouvoir dans les affaires et dans tous les domaines de la vie.

Naomi Wolf s’est fait connaître en tant qu’invitée à des débats publics et en tant que conférencière, ainsi qu’en tant qu’auteur de nombreux articles. Son troisième livre, Promiscuities: The Secret Struggle for Womanhood (1997), aborde à nouveau la question du pouvoir des femmes, en se concentrant cette fois sur la sexualité et le passage à l’âge adulte de jeunes femmes. Mme Wolf y fait part de ses propres souvenirs et de ceux de ses anciennes amies concernant leur sexualité au cours de la période troublante de l’adolescence, et tente d’en tirer des généralités. Un auteur du New York Times Book Review a qualifié le livre d’ « exploration brûlante et tout à fait fascinante de la faune complexe de la sexualité et du désir féminins ». Mme Wolf a déclaré que son livre n’était « pas une polémique, mais une série de confessions ». Et elle est consciente que son format est une combinaison d’informations personnelles et théoriques. Promiscuities est devenu un best-seller du New York Times. Mme Wolf a continué ensuite d’être une conférencière et une écrivaine très appréciées. En 1997, Courtney Weaver, de la New York Times Book Review, a déclaré : « L’une des grandes forces de Mme Wolf » est de « détruire les mythes ». Au cours de l’année qui a suivi la publication de la critique de Weaver, Mme Wolf s’est attaquée à de nombreux mythes et croyances dans une chronique mensuelle du magazine George, explorant des sujets allant du patriotisme à la Vierge Marie, en passant par la nécessité pour l’Amérique de s’excuser pour l’esclavage.

Depuis environ 2014, la position de Mme Wolf a commencé à s’infléchir dans le bon sens, ce qui lui a valu d’être qualifiée par des journalistes et des médias de « théoricienne du complot ». En 2020, Mme Wolf s’est opposée, avec raison, aux confinements COVID-19 et a critiqué les vaccins COVID-19. En juin 2021, son compte Twitter a été suspendu pour avoir publié des informations rétablissant la vérité sur les vaccins.

Liza Featherstone a écrit un article dans New Republic datant du 10 juin 2021, dans lequel elle exprime sa stupéfaction de voir un changement dans les idées de Naomi Wolf, qu’elle respectait autrefois comme une icone et une figure de proue du mouvement féministe. Cet article intitulé « La folie de Naomi Wolf » est particulièrement intéressant et souligne la conversion intellectuelle frappante à 180 degrés d’une figure à la fois politique et morale de premier plan, et la déconvenue de ceux qui prônent le même progressisme que celui défendu par Naomi Wolf autrefois. Nous en donnons un extrait ci-après.

La folie de Naomi Wolf

Lorsque j’ai obtenu mon diplôme universitaire en 1991, Naomi Wolf était une icône féministe, et la seule personne de ma génération ou proche de ma génération qui méritait cette désignation. Les grands classiques féministes qui avaient secoué le monde entre le milieu du siècle et les années 1970 – Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir, La mystique féminine de Betty Friedan, L’eunuque féminin de Germaine Greer, Contre notre volonté de Susan Brownmiller – avaient été lus par des millions de personnes. Mais les années 80 ont été plus pessimistes et moins ambitieuses. Sous Ronald Reagan, George Bush et Phyllis Schlafly, le féminisme battait en retraite. Le mouvement  féministe était encore intellectuellement fécond – des universitaires et des militantes débattaient de la sexualité, des classes et de la race dans des anthologies publiées par des presses universitaires -, mais il avait perdu son urgence viscérale. Les idées féministes ne semblaient plus inciter les gens à organiser des piquets de grève sur leurs lieux de travail ni à quitter leurs maris. L’époque du best-seller féministe était révolue, semble-t-il, et avec elle, le pouvoir d’un mouvement transformateur.

Publié en 1990, l’ouvrage de Naomi Wolf qui a connu un succès retentissant, The Myth of Beauty, a changé la donne. Il s’agissait d’une disquisition féministe aux proportions de la vieille école : une bonne grosse analyse de la manière dont le profit et le patriarcat complotent pour que les femmes se sentent mal dans leur peau, assortie d’un appel à l’action. Son auteure était jolie et présentable (« tourable », comme le disait l’industrie de l’édition avant #MeToo). Elle ne pouvait pas être accusée d’aigreur ni de ressentiment ; une féministe stéréotypée « laide » ou même d’apparence moyenne n’aurait pas pu attaquer l’industrie de la beauté avec la même crédibilité. Et comme beaucoup de livres dans la tradition des discours féministes, le pouvoir de The Beauty Myth découle en partie d’une prose qui signifie à la fois simplicité et profondeur. Chaque titre de chapitre, par exemple, tient en un mot : « Travail », « Sexe », « Faim ». Une image mémorable décrit le fonctionnement du mythe de la beauté : la vierge de fer, un instrument de torture médiéval orné à l’extérieur de l’image souriante et séduisante d’une jeune fille. Cette métaphore illustre avec force la façon dont les jolies images de jolies femmes de la société de consommation masquent la famine et la torture que nous endurons dans notre quête de beauté.

L’argument est systémique et ses affirmations vont au-delà de l’évidence. Wolf ne s’est pas contentée de souligner que les industries des produits de consommation, de la mode et de la publicité tirent profit de l’aggravation de l’insécurité des femmes, elle a soutenu à juste titre que le fait de juger les femmes en fonction de leur apparence – de nous juger nous-mêmes en fonction de notre apparence – renforce et perpétue le patriarcat. En nous gardant minces, The Beauty Myth nous encourage à prendre moins de place. Si notre valeur dépend de notre attrait et de notre souplesse, nous devenons invisibles à mesure que nous vieillissons, que nous acquérons des connaissances et gravissons les échelles du  pouvoir politique, économique et social. La recherche de la beauté empiète sur notre esprit et épuise nos précieuses énergies. En même temps, Wolf a défendu les plaisirs de la beauté. Rejetant habilement la position austère et défensive dans laquelle le féminisme s’était figé, elle a contribué à exprimer les désirs d’une nouvelle génération : le glamour, écrit-elle, « n’est qu’une démonstration de la capacité humaine à être enchanté et n’est pas en soi destructeur. Nous en avons besoin, mais redéfini. »

L’autre jour, après que Mme Wolf a été expulsée de Twitter pour avoir promulgué des propos anti-vaccins, j’ai sorti mon exemplaire du The Beauty Myth de l’étagère pour me rappeler pourquoi elle comptait pour nous à l’époque. Il s’agit de l’édition britannique, et la couverture montre une photo en noir et blanc d’une femme nue au visage entièrement bandé, assise pensivement sous une table de chevet qui encadre précisément son corps. Il s’est avéré que l’exemplaire n’était même pas le mien – il appartient à ma plus vieille amie, Emily, et, chose passionnante, il porte une dédicace de l’auteur : « À Emily, amour et espoir, Naomi Wolf. »

Restant fidèle à la Naomi Wolf du début des années 1990, j’ai choisi d’ignorer son existence actuelle pendant des années. Enfin, jusqu’à ce qu’elle se lance récemment dans une folie anti-vax.

Naomi Wolf a tweeté qu’elle avait entendu un employé d’Apple (qui avait assisté à une « démonstration top secrète ») décrire une technologie vaccinale permettant de voyager dans le temps. Elle a affirmé que l’urine et les excréments des personnes vaccinées devraient être séparés dans notre système d’égouts jusqu’à ce que leur effet contaminant sur notre eau potable ait été étudié. Elle craint que la propagande pro-vaccinale n’ait mis l’accent sur le danger que représentent les personnes non vaccinées pour les personnes vaccinées, mais qu’elle n’ait négligé la toxicité potentielle des personnes vaccinées. Comme le rapporte le journaliste Eoin Higgins, elle sera la tête d’affiche d’une manifestation anti-vaccination organisée ce mois-ci dans le Nord de l’État de New York à l’occasion du « dix-neuvième anniversaire ». (Oui, les organisateurs ont choisi cette date pour suggérer que les vaccins sont de l’esclavage.)

Le point de vue de Mme Wolf sur les vaccins a conduit Twitter à la bannir de la plateforme pour avoir colporté des informations erronées. Je ne pense pas que quiconque doive être banni de Twitter pour cette raison : les personnes raisonnables peuvent ne pas être d’accord sur ce que l’on entend par « fake news », et je suis sûr que la vision du monde de Twitter ne ressemble pas beaucoup à la mienne non plus. Cependant, au moins trois ou quatre personnes que j’aime ont des croyances ridicules sur les vaccins Covid-19, qui résultent entièrement du complotisme sur Internet. Je ne prends pas l’affaire à la légère. Lorsqu’une intellectuelle publique s’abaisse à ce point, nous devons nous demander si elle a toujours raconté des conneries.

Il n’est pas difficile de dire, bien sûr, que même 50 décès dus à l’anorexie sont trop nombreux. Pourtant, au moment le plus fort et le plus respecté de sa carrière, Mme Wolf a fait un reportage sur un génocide qui n’a jamais eu lieu, avec un récit qui ressemble étrangement à l’hystérie de QAnon sur les enfants victimes de trafic et emprisonnés dans des grottes. Mais les statistiques erronées de Wolf ne sont pas le seul problème de The Beauty Myth. Dans sa forme, le livre ressemble aux classiques de la deuxième vague, qui appelaient à une transformation massive de la société par le biais d’une action collective. Wolf a bien appelé à un mouvement féministe de la troisième vague, mais ses exhortations les plus spectaculaires sont des appels aux individus, et non à la société. Elles sont presque antipolitiques : « Si nous voulons nous libérer du poids mort que représente une fois de plus la féminité, ce n’est pas de bulletins de vote, de lobbyistes ni de pancartes dont les femmes auront besoin en premier lieu ; c’est d’une nouvelle façon de voir les choses. » Et qui ou quoi devons-nous voir ? Ceux qui connaissent la culture dominante des années 1980 ne seront pas surpris d’apprendre la réponse : nous-mêmes. La perspective de l’ère Reagan est particulièrement révélée dans la dernière ligne du livre : il y a une génération, Germaine Greer demandait aux femmes : « Que ferez-vous ? Ce que les femmes ont fait a donné naissance à un quart de siècle de révolution cataclysmique. »

L’individualisme des premiers travaux de Wolf n’a pas beaucoup mieux vieilli que les faits inventés. Il n’est pas non plus sans rapport avec sa récente évolution vers une fausse science des vaccins. Une pandémie est un problème collectif ; les vaccins sont une solution collective. Pendant ce temps, Wolf et ses collègues résistants aux vaccins insistent sur leur liberté de choix.

Liza Featherstone.

La recherche d’une explication au totalitarisme sanitaire a été pour Naomi Wolf un catalyseur, en quelque sorte, pour un retour à la foi judaïque de sa jeunesse, avec une compréhension nouvelle de Dieu en tant que Créateur et Législateur qui établit avec les nations une relation d’alliance. Il ne fait aucun doute qu’une telle progression spirituelle l’amènera, tôt ou tard, à embrasser le christianisme, une fois qu’elle aura compris que l’alliance de Dieu culmine dans la personne de Jésus-Christ, le Créateur-Rédempteur de l’humanité qui a établi une alliance nouvelle par son sacrifice à la croix avec tous ceux qui Le reçoivent par la foi.

Bibliographie :
Ouvrages de référence :
CA (1994). CBY (1993). Who’s Who in America (1996).

Autres références :

Commonweal (25 février 1994). George (1998 passim). LJ (15 juin 1997). Los Angeles Times (27 juillet 1997). Nation (9 juin 1997). New York Times (10 juin 1997). NYTBR (8 juin 1997). PW (30 juin 1997). Time (30 juin 1997).